Témoignages
«Dominique Stutz fomente de nouvelles espèces. Cette pratique de soin, la fomentation, est réputée pour l'application attentionnée de surfaces sur des corps, jadis cataplasme sur la chair, aujourd'hui émail sur la terre. Toujours, elle touche.
D'abord vient la forme de la pièce, générée plutôt que reproduite, après consultation de documentations scientifiques. De l'imagerie de l’infiniment petit, l'artiste retient la vie sexuelle cachée des fleurs dite palynologie, les particularités anatomiques des bestioles de grand fond marin, et surtout le potentiel vertigineux du Physarum polycephalum vulgairement appelé Blob.
C'est ainsi que Dominique Stutz aborde ses bols sculpturaux. Autant d'inspections des règnes qui nourrissent le façonnage de contenances d'argile, devant parfois patienter des mois avant de trouver leur peau définitive. Anis, chartreuse, jade. Car un long processus de recherche d'émaux est à l’œuvre dans le laboratoire de la céramiste. Corail, tangerine, mandarine. Sa méthode est traditionnelle et protocolaire, impliquant calculs moléculaires, cuissons et recuisson d'échantillons jusqu'à obtention de l'effet visé. Azur, turquoise, outremer. C'est à ce moment que la masse trouve son épiderme. Cerise, écarlate, sang. Plus qu'une membrane de couleurs, il s'agit d'apporter volume, structure et matière pour contribuer à une impression générale de perpétuelle mutation. Fuchsia, guimauve, framboise. Les biologistes reconnaîtront des radiolaires ou des diatomées. Citron, soleil, acide. Les autres s'émerveilleront tout simplement. Lavande, orchidée, lilas.
Depuis une décennie maintenant, dans une constante hybridation, Dominique Stutz caresse ce que ne fabrique pas d'elle-même, la nature.»
Joël Riff
avril 2023
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«Voir naître un talent est une chose assez rare pour que l’on s’en souvienne.
J’ai découvert les oeuvres de Dominique STUTZ à Bandol en 2017.
Sur son stand au marché cette année là, elle était si authentique et particulière dans son expression, les thèmes choisis, les formes, la couleur si forte et bienvenue sur chaque pièce, que je n’ai pas été étonnée lorsqu’elle a reçu le prix Solargil.
Puis, lorsque quelques jours plus tard je lui ai remis le Prix de la Fonderie Barthélémy, tout désormais pouvait s’inscrire dans un futur rempli d’étoiles pour elle.
Je connais son émotivité, mais je sais aussi cette force qui l’anime pour avoir fait le choix de se consacrer à la céramique quoiqu’il arrive, et quoiqu’il en coûte.
Elle l’a décidé et elle l’a fait !
Cela rappelle bien des moments aux anciens qui ont connu ce passage à l’acte, sans rien savoir de ce qu’il adviendra en prenant cette route aléatoire de la création.
Dominique Stutz nous emmène dans son univers si proche de l’eau, de la nature, des petits organismes qui nous échappent mais dont nous souhaitons tellement nous rapprocher.
Son univers est le notre, à nous de le partager.»
Christine Fabre
Céramiste sculpteur
Membre AIC
Membre d'Honneur du Printemps des Potiers
Joël Riff
Commissaire d'exposition
à Moly-Sabata
à Fondation d'entreprise Hermès
Contributeur à la Revue de la Céramique et du Verre
Ecole Duperré Paris
Commission Cnap
Christine Fabre
Hervé Bourdin
Sculpteur, peintre
Président de mac 2000
Mac Paris
Commissaire d'exposition Espace d’Art Chaillioux - Fresnes
«Retour à la terre. Tout ce qui palpite, se développe, se meut intègre l'univers de Dominique Stutz.
C'est le rapprochement possible entre ses mains créatrices et l'univers de la terre dans ses infimes organismes, qu'elle explore de belle manière.
Elle soupèse, caresse et de cette alchimie jaillissent des formes colorées aux aspérités diverses et étranges.
Elle renouvelle sans cesse son répertoire de formes et de couleurs, elle nous plonge dans les abysses, retrouvant dans ses sculptures ces étranges créatures marines, coraux ou coquillages.
La Terre est riche et Dominique transcende par la richesse de ses créations des mondes souvent méconnus.»
Hervé Bourdin
Germain Roesz
Peintre, sculpteur
et écrivain
Professeur émérite de l'Université de Strasbourg
Commissaire d'exposition
«Ces concrétions proviennent d’un futur organique et minéral.
Elles agrègent couleurs, poudroiements, scories et deviennent des sortes de bijoux étranges, d’entrelacs rocailleux et des cavernes retroussées.
Chaque sculpture est un corps qui dit la multiplicité tactile de la matière, de la caresse et parfois de la brutalité.
C’est une chimie des éléments qui agrège les couleurs, les ponctuations récurrentes et les mathématiques secrètes.
L’observation de l’infiniment petit prend ici la dimension d’un réel jamais encore entrevu.
Une étrangeté féconde qui nous conduit dans les arcanes des entrailles du désir, dans la texture expressionniste d’un monde fauve ou d’une flore inconnue.»
Germain Roesz